
Pour redonner à la poésie ses lettres de résistance
J’ai commencé à m’intéresser à la poésie parce que j’adorais – et j’adore toujours – le rap. J’en faisais des explications de texte en cours quand je m’ennuyais. Alors lorsqu’il a fallu me spécialiser dans mes études littéraires, je me suis naturellement dirigée vers la poésie, un art dans lequel je suis entrée par le rap et donc par la politique. Souvent, l’on associe la poésie à la poésie amoureuse, ou encore à un art peu compréhensible et opaque. Les poétesses n’existent pas : les femmes ne sont que les muses des poètes, qui écrivent combien ils veulent les baiser, ou comment ils les ont violées. En vérité, les femmes ont écrit et écrivent de la poésie. Et je crois qu’appréhender la poésie depuis leurs textes permettrait de mieux comprendre le rôle ou tout du moins la place de la poésie dans nos sociétés. Par-delà la nécessité de décentrer les corpus masculins des rayons de la poésie, j’avoue défendre une vision ouvertement politisée de la poésie et plus généralement une littérature connectée à la réalité, aux enjeux et aux défis auxquels nous faisons face. Mais cette poésie est-elle capable d’apporter des changements ? Ou est-elle un art de salon, pour les intellectuel.les de gauche ? J’aimerais tenter de répondre à ces questions, peut-être pour redorer le blason de la poésie, la descendre de son piédestal, la sortir de son Gallimard à reliures.
Read MoreLiza Hammar est étudiante au doctorat en études littéraire à l’UQAM. Ses recherches doctorales portent sur la poésie féministe et décoloniale ultra contemporaine, particulièrement sur la représentation des corps, les tentatives de réparation et de décolonisation et les liens entre politique et littérature.