Krakatoa

Âtre enclavé d’ordures ou pur purin en purée clastique qu’empire en coulure pyroclastique de mes méninges abstruses, fumeuses vomissures de mes raisonnements ardents entre mes commissures circonscrits, je suis perdu, paumé, prostré, recroquevillé dans un coin obscurément éclairé à la lueur de mon magma cervelet, quand tout à coup la fêlure, la cassure, la fissure, la brutale ouverture, et face à la faille, à défaut d’entrailles, je défaille et m’efface… 

Oui, face à la faille, à défaut d’entrailles, je défaille et m’efface… c’est alors que dans la trêve de l’interruption volcanique j’entrave : 

« T’as perdu tes esprits, l’ami, t’as perdu tes esprits… » 

Bien que dans le gaz, à la grâce de ma flamme intérieure, de ma bulle, de ma cuite, je percute la suite : d’esprit j’en ai qu’un et je sais très bien où je l’ai rangé. Il est au fin fond du fond d’un tiroir tourmenté, bien dissimulé sous les strates sulfureuses d’une continuité d’excès, au beau milieu de déchets introspectifs putréfiés putréfiés. Amas de mégots, papiers froissés, crayons en copeaux, mines usées, encre desséchée et plumes épointées, le tout trempant copieux dans une mare poisseuse de vinasse frelatée. Bouquins loupés, nouvelles à chier, essais foirés et dense fumée à boucaner mes neurones grillés – incision – frêle cervelle frémissante sur un feu d’envie donnant la vie à des volutes d’esprit émoussé – pénétration – pointe acérée pour asservir son sujet, dans le caveau injecté, reste à l’enterrer – méditation – vaine. Tout s’évapore sous leurs effets. 

Âtre enclavé d’ordures ou chaude bouse de bobard bonnard bon à rien bien rodé un rien taré qu’a des ratés, déraillé, dérapé, dérouillé, décroché : 

« Allo oui, c’est qui ? 

– Ton esprit ! » 

Oh ! Ça crée des schizophrénies de s’ambiancer tectonique sur les plaques tournantes des soirées du savoir se lâcher, lâcher prise, lâcher corps, lâcher les amarres, lâcher les bêtes fauves ! s’dézinguer s’décalquer s’défragmenter s’auto-annihiler la matière grise avant le raz-de marée(chaussée), l’agression d’une injonction aigrie qui frise la phrase risible :  

« Ouvrez ! ouvrez ! c’est la police !  

– OK, OK, on se fait la bise ! Hey ! Tu ne connais pas la dernière ?! » 

Dernière sensation, dernière émotion, dernière sommation, après, je me verrai dans l’obligation de tirer ! De t’exploser ta sale tronche de vulcain dégénéré ! Je l’aurai vu arriver, le cratère ! Hein ? Je l’aurai vu arriver. Du bout de ma mine, écrire la fin, d’une pression de piston, d’une détente presque féminine. À tout le moins de nom : la mort, la camarde, la faucheuse m’anime… Détonation de notions éruptives ou éructation d’une nuée d’idées dénuées d’intérêt, déviations digressions divagations, déflagration ! cheminement insensé d’un shooté, grillé, cramé, aux pensées enflammées. 

Bouillonnons ensemble mes frères, bouillonnons.

[Illustration : Lise A.
Parler était au début salvateur, aujourd’hui, Lise revendique et milite. Morcelée par son
passé parsemé de violences sexuelles, c’est par l’art qu’elle s’exprime et dépeint ses
ressentis, son impression d’avoir perdu son corps. Quoi de mieux alors pour se le
réapproprier que d’écrire et dessiner pour lui.
https://www.instagram.com/beesonabeillebovine%5D

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