Edito du numéro 4

Chaque année, nous publierons deux numéros : l’un thématique – c’est le numéro 3, sur les maternités – l’autre Varia, c’est-à-dire composé d’articles et d’œuvres volontairement hétérogènes, voire hétéroclites.

De quoi se compose ce numéro 4 ? De notes de lectures sur les manières de pratiquer le polyamour de manière éthique, d’un entretien fictif – on ne se refait pas – avec Hervé Guibert, d’une bande dessinée sex-positive, d’une étude de la figure érotisée de la nourrice, d’un dialogue mystique érotico-poétique et d’un entretien avec une artiste qui utilise pour créer son sang menstruel.

Il contient aussi deux textes écrits en miroir par des amoureuses (il faut lire d’abord l’un, puis l’autre), le programme d’une conférence en ligne sur l’art, la culture et l’activisme queer et enfin un article sur la mémoire des émeutes de Stonewall dans le mouvement LGBTQ+ français.

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La Salope éthique : notes de lecture

Il s’agit ici d’une vision assez personnelle de la lecture de La Salope éthique, propre à l’autrice, bien plus qu’un compte rendu classique.

La Salope éthique parle des relations non monogames en mettant l’accent sur les valeurs du polyamour. Elle a été écrite par deux autrices queer expertes en questions de sexualité, de genre et de BDSM. C’est un livre d’initiation, accessible et pédagogique, avec un côté pratique affirmé grâce à ses exercices.

J’attendais de le lire depuis longtemps, d’autant plus que l’on a peu de références sur le polyamour, que ce soit dans la vie ou les fictions, alors que pour le premier cadre c’est une façon fondamentale de réinventer la société, et pour le second une opportunité rare de renouveler la façon dont on raconte des histoires (d’amour, mais pas que).

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Entretien fictif avec Hervé Guibert

Il y a 28 ans disparaissait l’écrivain, journaliste et photographe Hervé Guibert. Homosexuel, proche de Michel Foucault, il meurt du sida à 36 ans, à Clamart, en région parisienne. Nous nous sommes demandé·es ce qui avait pu le motiver à exiger, par voie testamentaire, le transport immédiat de son cadavre sur l’île d’Elbe, en Italie. La question du corps étant au centre de ses élaborations littéraires, nous avons supposé que cette dernière volonté recouvrait des éléments signifiants et actifs de son œuvre comme de sa vie – tant les deux sont liées depuis son tout premier livre. Nous nous sommes donc rendu·es à Rio, commune où se trouve sa sépulture, où il a bien voulu nous accorder cet entretien.

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La fée de la communication

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Dialogue mystique des amants magiciens

– Adieu habits ! Libres enfin parmi la vaste atmosphère, promenons-nous dans les bois de nos os, sous les feuillages de nos chairs frémissantes, guidés par nos désirs qui mugissent et hululent en défroissant leurs ailes.

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Créer avec son sang. Entretien avec Claire Parizel

En Marges – Artiste plurielle, tu réalises des œuvres très diverses, à commencer par cet étonnant masque réalisé à l’aide de tes cheveux et de ton sang menstruel. Quel place a l’organique dans ta pratique artistique ?

Claire Parizel – C’est assez troublant de lire ta question, parce que je n’aurais jamais pensé utiliser le mot « organique » pour désigner ma pratique. Mais, après une rapide réflexion, le terme est absolument évident. Tu l’as dit, j’utilise mon sang menstruel que je récolte grâce à une cup. Aussi mes cheveux qui, tissés sur la brosse à force d’être peignés, deviennent semblables à des petits coussins moelleux. Ceux d’autres personnes parfois aussi. Avec cela, je réalise des objets. Des images que je place dans des cadres, eux-mêmes peints avec du sang dont la couleur est si belle. Des bijoux dans lesquels je me sers des cheveux tissés comme d’une petite couverture duveteuse et animale.

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Sur la route

Je jette mon sac dans le coffre sur un tas de bric-à-brac entassé rapidement. Six-cent kilomètres à faire avec la fatigue du déménagement. Seule. Ça sent l’humidité du Nord, les briques rouges de la ville, ça sent le week-end et l’anxiété des dernières nouvelles à la radio.

Un mois que je ne l’ai pas vue. Un mois qu’Elle me manque tous les jours, trois fois par jour. Un mois qu’on se dit qu’on s’aime à distance sans pouvoir se toucher. C’est long un mois d’amoureuses. Du coup je vais définitivement les rouler ces six-cent bornes. 

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Dans la cuisine

J’épluche des légumes. J’épluche des kilos de légumes. Je songe déjà à ce que je vais en faire, comment je vais les découper, les cuire, les assaisonner, les assembler. Tout ça va être bon. Je rêvasse. Je me coupe un petit peu. 

Le monde s’angoisse, mais moi je coupe mes légumes. Les odeurs des plats du jour flottent dans la cuisine. On se prépare, mais je sais qu’il n’y aura pas grand-monde. Comme hier en fait. Les annonces de jeudi ont fait fuir les clients. La patronne pensait que beaucoup voudraient profiter de ce dernier week-end avant d’avoir les enfants à la maison, sortir, vivre. Je ne crois pas que les gens du coin réagissent à l’angoisse par des pulsions de vie. Je présume plutôt qu’ils sont dans la pulsion de consommation, en train de faire des réserves dans les supermarchés. 

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Arts, Cultures et Activismes LGBTI et Queer – Conférence en ligne

Organisée par Mélodie Marull et Louise Barrière, deux chercheuses de l’Université de Lorraine, la conférence internationale « Arts, Cultures et Activismes LGBTI et Queer » se veut un événement permettant de penser des passerelles entre recherche universitaire et militantisme LGBTIQ de terrain. Organisé à distance au mois de Juin 2020, l’événement réunit sur son site internet les contributions de chercheurs, chercheuses et militant·e·s venu·e·s de France, d’Allemagne ou encore des États-Unis pour discuter des cultures LGBTI et queer. 

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Le cinquantenaire des émeutes de Stonewall

En Marges – Bonjour Camille, nous commémorions en 2019 le cinquantenaire des émeutes de Stonewall, peux-tu nous expliquer ce qui s’est passé dans la nuit du 28 juin 1969 dans ce bar, le Stonewall Inn ?

Camille Morin-Delaurière – Le bar de Stonewall Inn est situé dans un quartier prisé par la culture de nuit homosexuelle sur Christopher Street à New York aux Etats-Unis. C’était un lieu de fréquentation éclectique de personnes LGBTQ – des lesbiennes et gais y fréquentaient des personnes trans, des travesti·es, des drag queens etc. – et d’autres populations marginalisées, qui venaient s’amuser et se rencontrer dans un des rares lieu de la ville où elles étaient acceptées. Dans la nuit du 28 juin 1969, une descente de police eut lieu.

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