Poison Ivy ou la séduction culturelle

Déviations à partir de représentations corporelles normées

L’enfant1L’image est un portrait de l’auteur enfant, là, dans la cour des grand-parents, baigné dans le parfum des Impatientes2Je remercie Emmanuel Guy pour cette identification florale., à quoi pense-t-il ? De quoi se réjouit-il ? Je le sais, il se dit que tous les signes dont ses vêtements sont le support le transfigurent : Un élastique dans ses cheveux courts et en partie décolorés par la mère produit magiquement une grande chevelure ; Le masque connote le film Batman et Robin, réalisé par Joel Schumacher en 1997 ; Sur le T-shirt, les Spicegirls convoquent et expriment ce que l’enfant perçoit alors comme un pouvoir du féminin dont il est persuadé d’être habité. Enfin, l’élément le plus étrange peut-être : la plante grimpante, arrachée au mur de la maison, et soigneusement tissée à la surface du jean ; cette plante qui colonise le vêtement précise la nature de l’objet visé par le processus d’identification réalisé à travers la composition vestimentaire : Poison Ivy, antagoniste venimeuse et camp3Style ou humour propre aux cultures sexuelles minoritaires, le camp est caractérisé par Sam Bourcier comme “ une manière de faire face à une culture dominante hostile. Mélange d’exagération, de théâtralité, de valorisation de ce qui est habituellement rabaissé, de jeu avec les genres, l’attitude camp se retrouve aussi bien dans les films de John Waters avec Divine que dans les actions d’Act-Up.” (Sexpolitiques, Queer zone 2. La fabrique, 2005,  p. 298), de Batman et Robin, incarnée par Uma Thurman. 

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Sociologie des amours enfantines : entretien avec Kevin Diter

Kevin Diter est sociologue. Il a soutenu une thèse en 2019 intitulée  « L’enfance des sentiments. La construction et l’intériorisation des règles des sentiments affectifs et amoureux chez les enfants de 6 à 11 ans ».
Actuellement, il travaille pour l’enquête ELFE du ministère de la culture et continue dans ce cadre son travail sur la culture des sentiments chez les jeunes enfants. Ses domaines de spécialité sont la sociologie de la socialisation, la sociologie des enfants, de la famille, du genre et des différenciations sociales.

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Claudel-Louis – deux trajectoires d’artistes mortes à l’asile.

Le titre « Camille-Séraphine » aurait été plus compréhensible : en effet l’usage du prénom, et parfois du seul prénom, est de mise quand il s’agit d’évoquer des artistes femmes. Pour les artistes hommes au contraire, au siècle et dans le pays de ces deux artistes, c’est plutôt le seul nom de famille qui est utilisé. Afin de les rétablir dans leur statut d’artiste, elles seront ici Claudel et Louis, plutôt que Camille (Claudel) et Séraphine (Louis, qui signe parfois Louis-Maillard, noms de son père et de sa mère, dite Séraphine de Senlis).

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Pour une lecture d’Ana Mendieta en sorcière queer et écoféministe

Ana Mendieta est une artiste cubano-américaine née en 1948 à La Havane et morte en 1985 à New York. Le Jeu de Paume présentait jusqu’au 27 janvier 2019 l’exposition imaginée par Lynn Lukas et Howard Oransky : « Ana Mendieta. Le temps et l’histoire me recouvrent », offrant ainsi l’opportunité de (re)découvrir le travail puissant et indéniablement moderne de l’artiste.

Performeuse, vidéaste, sculptrice, peintre, photographe, land-artiste, artiste corporelle, Mendieta jouait avec les genres, les courants et les médias artistiques, utilisant tous les moyens de création qu’elle rencontrait. Son œuvre plurielle, inclassable, hybride, peut être vue comme le reflet ou le prolongement de sa propre identité marginalisée, à l’intersection de différentes discriminations. Lire la suite

Une histoire orale navajo féministe ? La séparation des sexes

Enceinte à 37 ans, j’ai décidé de profiter du calme tout relatif offert par le congé maternité pour mener à bien un projet éditorial qui me tenait à cœur : écrire un ouvrage qui familiariserait les petits lecteurs avec la spiritualité navajo. Comment susciter l’intérêt chez les plus jeunes pour une culture souvent réduite aux clichés associés aux Indiens des Plaines mis en scène dans les westerns et films d’animation nord-américains (qu’on songe ainsi à la séquence chantée What makes the Red Man Red ? du Peter Pan sorti en salles en 1953) ? En Europe, ces représentations stéréotypées ont perduré grâce au succès des personnages de bandes-dessinées tels que Oumpah Pah créée par René Goscinny et Albert Uderzo, Yakari (André Jobin, Claude de Ribaupierre) ou plus près de nous, Bison Dodu, de la série Les Papooses publiée de 2004 à 2015 chez Casterman. Lire la suite

Qui est la Féminazi ?

Dans l’ouvrage “Penser la violence des femmes”, il est relaté une partie de l’histoire de femmes violentes, de la chasse aux sorcières jusqu’aux suffragettes, en passant par les tricoteuses. Comment la violence est-elle traitée par le prisme du genre, sachant que ce n’est généralement pas considéré comme étant une caractéristique “féminine” que d’être violent ? Les injonctions sociales valorisent davantage la douceur et la passivité chez les femmes, contrairement aux hommes, qui sont supposés exprimer leur virilité par les poings. Si bien que certaines formes de violences féminines peuvent être passées sous silence ou, a contrario vont être exacerbées, et entourées de tout un imaginaire (notamment visuel), pour tenter de les décrédibiliser et de les humilier. Lire la suite

metro de Mexico (Wikipedia)

Le frotteurisme dans le métro de Mexico : entretien avec Nicolas Balutet

  1. Qu’est-ce que le frotteurisme et pouvez-vous nous expliquer en quoi est-ce un problème dans le métro de Mexico ?

Le frotteurisme désigne une pratique sexuelle consistant pour un homme généralement à frotter ses parties intimes à une femme sans son consentement dans des lieux de promiscuité physique comme les discothèques, les files d’attente et, surtout, les transports publics et, ainsi, obtenir une excitation érotique. Lire la suite

Incarner de nouvelles identités et développer une éducation sexuelle déviante : techniques du corps queer dans les festivals punk-féministes – Louise Barrière

Notamment inspirés du mouvement Riot Grrrl et des Ladyfest1Voir ladyfest.org. américaines, des festivals punk-féministes se développent de part et d’autre de la frontière franco-allemande depuis 2003. Ceux-ci répondent à une organisation en deux temps, entre concerts et fêtes d’une part, et de l’autre ce à quoi nous allons particulièrement nous intéresser ici : débats, discussions et ateliers.

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La Femme qui s'agite en moi

Je suis – Madame de Saint Plaat

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Beauté ou laideur du sexe féminin : de sa représentation à la nymphoplastie – Claudine Sagaert

Les parties « honteuses »

Dans les peintures et sculptures, de l’Aphrodite du Cnide de Praxitèle (IVe siècle) à la Venus Anadyomène d’Ingres (XIXe siècle), on peut constater que le sexe féminin a le plus souvent été caché par une main, des cheveux, une feuille de vigne, un drapé, ou figuré par un triangle informe laissé totalement lisse1Outre quelques exceptions comme la Vulva de Léonard de Vinci, l’Infâme Vénus de Jean Jacques Lequeu, et la Diane Chasseresse de Houdon..  Or, si l’idéalisation du corps a prévalu, en biffant cette partie de l’anatomie féminine n’était-ce pas en présupposer la laideur tant physique que morale ?  Serait-ce dire alors que les parties dites « honteuses » aient concerné plus spécifiquement la femme que l’homme ? Lire la suite