21 grammes

Tu ne peux ceindre mon cœur si tu ne peux encercler mes hanches
Trop de chair (dis-tu) trop de plis pour flotter
entre toi et le septième ciel

Je pourrais offrir à ta bouche son juste morceau
pas plus cela pourrait faire peur
Ton œil plus gros que mon ventre
n’en viendrait pas à bout
n’en ferait pas le tour
ne gagnerait le dos qu’avec un minimum
d’ardeur et de bonnes intentions

Pallier (dis-tu) ce trop-plein ce trop d’ampleur
Tu pourrais (dis-tu) fermer les yeux
tu paraîtrais moins à l’étroit entre mes jambes
Tu pourrais (dis-tu) y établir ton campement
en calculant la proportion possible
les centimètres carrés de réalité augmentée

la superposition de peau encastrée sous tes mains

Toi et moi ne saurait être une affaire mathématique
sous prétexte que le corps déborde du cadre
sous prétexte que le squelette disparaît sous l’apparence
À première vue la graisse encombre
à première vue elle avale mes yeux
elle dévore ma bouche
à première vue elle me ravale au rang de bête
et tu as l’âme animale

Vois sous les couches dont tu t’entiches
vois entre les cuisses ce qui te retient 
vois plus loin que l’espace qui occupe tes pensées
il y a quelque part un essentiel
il y a quelque part bien cachés
dans l’océan de gras
une petite quantité de fulgurance
21 grammes d’aura



Illustration : Juliette Lancel

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