Je ne me suis jamais considérée comme le sujet d’une image mais j’en ai déjà été l’objet. Être l’objet de, être érotisée, être fétichisée, c’est précisément ce à quoi me contraint le regard masculin.
De la même façon que je suis dépossédée de mon corps quand je suis agressée, je suis dépossédée de l’image de mon corps par le regard masculin.
Je suis aussi métisse, à moitié française, à moitié thaïlandaise, « farang » (occidentale) aux yeux des Thaïlandais.es, « asiatique » aux yeux des Français.es. Le regard d’autrui emprisonne, semble rendre impossible la libre définition de sa propre identité.
Je propose de répondre à cette violence du regard par une subversion de la sexualisation du nu. On fétichise mon cul, mes jambes ? Je les colle partout. On me catégorise comme « l’autre », je me revendique monstrueuse. Une désobéissance par excès de zèle.


