Coulère

2021, sang menstruel sur papier absorbant et tissu, persienne en bois, acrylique, 50x115cm.

Quand j’ai pris cette persienne, j’ai pensé à cette frontière entre dedans et dehors, entre l’intime et le public. Quand j’ai pris ce tissu, j’avais envie de le tacher de sang menstruel.
Puis je me suis souvenue de cette tradition qui a perduré pendant très longtemps dans les régions du sud de l’Italie. On exposait à la fenêtre le drap avec le sang des femmes lors de leur première nuit de mariage, ceci étant la preuve de leur “pureté”. Un véritable rituel de passage construit sur l’absurde concept de virginité d’une société fortement hétéropatriarcale.

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Entre les lignes le tarot

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Cosmique

Ton agressivité et ta violence

Tentatives de voler ma peau, de détruire ma joie, d’abîmer mon esprit

En destituant mon corps, en violant mon âme

Tu voulais gagner ma docilité, me discipliner, sans répit

Hyper-vigilante, tétanisée, méfiante

Souffle coupé, vidée, meurtrie

J’ai failli y passer

Mais…non !

Évasion, 

Sidération, moments aphasiques, 

Peinture, gestes muets par dessus le désespoir

Sur le chemin de la convalescence 

Se trouvent des paillettes cosmiques

Toutes couleurs du monde jaillissent des flammes de ma victoire

Renaissance de l’esprit, amour de soi et triomphe avec gloire ! 

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Chimères

Je ne me suis jamais considérée comme le sujet d’une image mais j’en ai déjà été l’objet. Être l’objet de, être érotisée, être fétichisée, c’est précisément ce à quoi me contraint le regard masculin.

De la même façon que je suis dépossédée de mon corps quand je suis agressée, je suis dépossédée de l’image de mon corps par le regard masculin.

Je suis aussi métisse, à moitié française, à moitié thaïlandaise, « farang » (occidentale) aux yeux des Thaïlandais.es, « asiatique » aux yeux des Français.es. Le regard d’autrui emprisonne, semble rendre impossible la libre définition de sa propre identité.

Je propose de répondre à cette violence du regard par une subversion de la sexualisation du nu. On fétichise mon cul, mes jambes ? Je les colle partout. On me catégorise comme « l’autre », je me revendique monstrueuse. Une désobéissance par excès de zèle.

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Dessin, tendresse et radicalité

Longtemps j’ai participé à des ateliers de dessin d’après modèle sans questionner cette pratique. Le dessin d’après modèle est souvent considéré comme un exercice technique de représentation dite “objective”. Dans ces ateliers, les corps seraient a-sexualisés et a-politique. Le genre reste non interrogé : dans une vision naturaliste et binaire du genre, la personne qui pose est soit un homme, soit une femme, selon son anatomie. Aujourd’hui mon approche est politique. Je dessine et dessine encore – jusqu’à saturer mon profil Instagram – je pose et j’organise des ateliers de dessin, principalement Modèle vivant.e1Modèle vivant.e est un atelier transféministe de dessin et de représentation des corps dissidents, créé l’été 2019 avec Linda DeMorrir et Lucie Camous.

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Silence noir

Des fragments de rouges,
des morceaux de chair,
des bouts de vie,
des parcelles de corps.

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Visions de la folie dans le jeu vidéo : le glacis horrifique de Layers of Fear

Les expressions de l’horreur sont légion dans le jeu vidéo. Après tout, c’est un média parfait pour impliquer la joueuse1Le féminin neutre est la forme préférée dans cet article., qui devra faire des choix conscients dans un environnement qu’elle maîtrise difficilement. Je voudrais parler ici des jeux d’horreur psychologique. Ces jeux se placent non pas dans l’épouvante palpable des zombies (les Resident Evil viennent en tête), mais dans les explorations mentales où le but n’est pas de neutraliser des menaces, mais de comprendre situation et personnages. Dans les jeux où l’ennemi est souvent soi-même (enfin, l’avatar endossé), c’est tout naturellement que les angoisses provoquent des questionnements concernant la réalité de ce que l’on voit.

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La fée de la communication

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Créer avec son sang. Entretien avec Claire Parizel

En Marges – Artiste plurielle, tu réalises des œuvres très diverses, à commencer par cet étonnant masque réalisé à l’aide de tes cheveux et de ton sang menstruel. Quel place a l’organique dans ta pratique artistique ?

Claire Parizel – C’est assez troublant de lire ta question, parce que je n’aurais jamais pensé utiliser le mot « organique » pour désigner ma pratique. Mais, après une rapide réflexion, le terme est absolument évident. Tu l’as dit, j’utilise mon sang menstruel que je récolte grâce à une cup. Aussi mes cheveux qui, tissés sur la brosse à force d’être peignés, deviennent semblables à des petits coussins moelleux. Ceux d’autres personnes parfois aussi. Avec cela, je réalise des objets. Des images que je place dans des cadres, eux-mêmes peints avec du sang dont la couleur est si belle. Des bijoux dans lesquels je me sers des cheveux tissés comme d’une petite couverture duveteuse et animale.

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« Naître » Mythologie personnelle d’une artiste-chercheuse, enfant trop curieuse.

Quand j’étais petite fille, j’éprouvais une curiosité toute particulière pour un livre qui trônait dans la bibliothèque familiale, et qui m’était bien évidemment interdit, « Naître ». Cet ouvrage de Lars Hamberger et Nilsson Lennart avait pour ambition à l’époque de sa publication ( 1990 ) d’offrir une lecture scientifique mais vulgarisée de la grossesse, de la conception à l’accouchement. Il est illustré de nombreuses photographies allant des fœtus in utero au post-partum. 

Très jeune, bien avant l’âge de 10 ans, et avant de réellement savoir « comment on fait les bébés », j’ai été confrontée à ces images de femmes en plein d’accouchement, mais surtout à leurs vulves. Des vulves ouvertes et rougies, d’où émergeaient des crânes déformés de nouveaux-nés. Ces images ont été la première vision que j’ai eu d’une vulve. À force de compulser « Naître », toujours en cachette mais avec un accord maternel tacite voir encouragé, je me suis conditionnée à voir la vulve, non pas comme le lieu du sexuel, mais comme le lieu de l’accouchement. 

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