Hors-norme

Ton corps 

d’homme mal normé
d’un mauvais chromosome 

lancé sur la roulette 

où ta tête 

s’est arrêtée
roule encore 

coincée dans cette case 21,

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Douche froide pour Octavia

Pourquoi Victor ne répondait-il pas ? 

Octavia faisait couler l’eau de la douche. Elle espérait que cela lui permettrait de calmer ses nerfs en ébullition. Le verre de vin n’avait fait aucun effet. Ce n’était pas le genre de Victor de la faire attendre de cette façon. Juste un texto rapide en retour pour la rassurer lui conviendrait parfaitement. Pas d’extravagances, juste quelques mots apaisants. 

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Mutilé, corps en cliché

L’horloge étanche chaque fracture de nos corps,

Sa tempête méprise le cadrage et le passage à une poupée sage :

tel un brouillon qui se déracine de ses membres postérieurs

pour se balader hors des pages et de la commune beauté 

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Amputer la langue

Amputer la langue. Ma phrase commencerait comme ça. Amputer la langue. Quand je dis langue, je dis Langue avec un grand L. La grande, la vraie, celle de tous les jours. La langue qu’on utilise, qu’on use à coups de mâchoires et de salive. La Langue de nos grands-mères et de nos grands-pères. Celle à qui l’on échappe en serrant les dents. Celle qui peut tout dire en un mot un seul. 

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21 grammes

Tu ne peux ceindre mon cœur si tu ne peux encercler mes hanches
Trop de chair (dis-tu) trop de plis pour flotter
entre toi et le septième ciel

Je pourrais offrir à ta bouche son juste morceau
pas plus cela pourrait faire peur
Ton œil plus gros que mon ventre
n’en viendrait pas à bout
n’en ferait pas le tour
ne gagnerait le dos qu’avec un minimum
d’ardeur et de bonnes intentions

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Chimères

Je ne me suis jamais considérée comme le sujet d’une image mais j’en ai déjà été l’objet. Être l’objet de, être érotisée, être fétichisée, c’est précisément ce à quoi me contraint le regard masculin.

De la même façon que je suis dépossédée de mon corps quand je suis agressée, je suis dépossédée de l’image de mon corps par le regard masculin.

Je suis aussi métisse, à moitié française, à moitié thaïlandaise, « farang » (occidentale) aux yeux des Thaïlandais.es, « asiatique » aux yeux des Français.es. Le regard d’autrui emprisonne, semble rendre impossible la libre définition de sa propre identité.

Je propose de répondre à cette violence du regard par une subversion de la sexualisation du nu. On fétichise mon cul, mes jambes ? Je les colle partout. On me catégorise comme « l’autre », je me revendique monstrueuse. Une désobéissance par excès de zèle.

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