L’horloge étanche chaque fracture de nos corps,
Sa tempête méprise le cadrage et le passage à une poupée sage :
tel un brouillon qui se déracine de ses membres postérieurs
pour se balader hors des pages et de la commune beauté
pour accoucher des conseils révoltés contre la complicité
un peu tard, ils assument de vieillir dans le mépris
ils assument de guérir après tout vomir à côté du lit
libres dans leurs fibres pour vibrer avec les grillons et sauterelles
il crache la vérité… toutes les quatre vérités qui choquent
les traits qui déplaisent, manquent dont on se moque
et pointe de doigt le sourire moqueur,
sculpteur de neurones fous et absents.
***
Ta chair fusillée, trouée, brisée, intimidée puis tatouée
Ton genou amputé au-dessous, caché sous le tissu
puis appareillé
grandissent comme les bandits cambriolant les trajets
terrifiant les étoiles, les aurores et les météores
battant les records de leur sort par un double effort
même au bord d’un port ou dans un sport
***
Fais-moi une faveur s’il te plait !
Affiche-moi ce regard baroque et extravagant
Rappelle-moi l’insignifiant et l’effrayant
je veux bien m’inquiéter,
je veux bien m’incliner et tout quitter
je veux bien m’inspirer de ta laideur indisciplinée
***
Sur ton dos ainsi que sur ton front :
Des tatouages bizarres, des ailes poussées dans un désert
rouage et plumage : révélateurs d’un fardeau,
des coups de couteau partout
chercheurs d’une impasse dans la folie des os
ou d’une verticale irrégulière dans le gros ventre
mutilés de tension, semés par l’horreur des guerres
pour sucer jusqu’à la moelle ton tout petit-bonheur
***
corps complet, corps mutilé :
telle une sacrée course vers l’humanité sans pieds.
Hanen Marouani est docteure en langue et littérature françaises de l’Université de Sfax. Elle est poétesse et compte à son actif quatre recueils de poésie publiés en France et en Tunisie. Par ailleurs, elle a traduit une anthologie poétique de l’arabe vers le français. Elle est ausi diplomée de l’Université de Rouen en didactique et pédagogie du FLE.
Un poème sublime.
Je l’ai lu plus d’une fois et a chaque fois inspire en moi admiration, inquiétude, colère, compassion et rebellion.
Ce poème est un chef d’oeuvre inclassable du nouveau genre.
La force, l’intensité, la dignité, l’honneur, la rébellion, le pardon, la tolérance, la dénonciation et l’espoir . Tout est dit.
Pour que nul n’oublie.
La guerre quelque soit sa cause ou sa raison, elle est source de malheur.
Rachid
quel talent!!! un poème offrant un frisson ,perturbe et nous rend forts à la fois.Le corps est devenu une langue traduisant l intraduisable.un poème retrace l enchevetrement des genres….inedi…merci Hanèn pr cette beauté si fragile.
Un tourbillon de sensations contradictoires nous envahissent à la lecture de ce texte. Je retrouve ici ce que je cherche dans un texte poétique ; me secouer. Bravo à la poétesse pour cette inspiration unique.
Un très beau poème. Bravo à la poétesse.
Propos poétiques très intéressants, engagés et touchants. Un grand bravo à la poétesse ❤️👏
Un très beau texte, merci d’écrire et d être la voix des minorités, de ceux qui sont souvent sans voix…
Émouvant et fort poignant !
« Une course vers l’humanité sans pieds », cette phrase me rappelle la morale du roman « le colloque des bustes ».
Très beau texte de/a la marge qui donne à voir la langue des corps !
Un poème très touchant et tragiquement beau qui produit chez le lecteur moult émotions. Bravo !