Édito du numéro 6

Chaque année, nous publions deux numéros : l’un thématique – c’est le numéro 5, sur la santé mentale – l’autre Varia, c’est-à-dire composé d’articles et d’œuvres volontairement hétérogènes, voire hétéroclites.

Dans ce numéro, on trouvera des haïkus prônant un « BDSM pauvre », une lettre à une membre de la Commune, de la sociologie du pole dance et des amours enfantines. On trouvera aussi une personne de 15 ans qui s’insurge contre les discriminations visant les LGBTQI+, une éducatrice qui en a marre de toujours sortir les poubelles, et une géographie de la mobilité des mères « roms ».

Quelques mots, enfin, pour vous remercier de votre soutien moral et financier, qui nous est essentiel, dans la mesure où nous sommes bénévoles et où nous nous refusons à accueillir toute publicité. Pour rappel, vous avez désormais la possibilité de faire un don ponctuel ou bien mensuel.

Bonne lecture !

Un extrait de La Commune au présent, de Ludivine Bantigny

L’historienne Ludivine Bantigny nous fait le plaisir de partager avec En Marges ! l’une des lettres aux Communeux·ses issues de son livre La Commune au présent. Une correspondance par-delà le temps. (La Découverte, 2021).

Votre détresse au Mont-de-Piété

À Amélie Defontaine

J’ai retrouvé tes mots adressés à la mairie du XVIIe arrondissement – tes mots évidemment émouvants. Avec ton mari, depuis plusieurs mois sans travail, vous aviez déposé votre matelas au Mont-de-Piété, il y un an et demi déjà. Tu le dis : ce serait une grande peine pour vous qu’il soit vendu. Mais il est toujours là, tu l’as vu. Vous voudriez le reprendre bien sûr – et vous espérez de la Commune pour cela. On n’ose imaginer comment alors vous dormez, vous vivez. Ou bien on l’imagine hélas, au contraire1Lettre de Defontaine, Lettre, 1er avril 1871, Archives de Paris VD3 13..

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Quand les pôles dansent. Témoignages d’une pratique en mouvement

Face aux systèmes de pensée dominants, nous ne sommes pas égaux et la pole dance le souligne malgré elle, car sa pratique engendre des suspicions : un homme qui pole serait-il gay ? Une femme aisée, aurait-elle des mœurs fragiles ? Une femme pauvre, serait-elle une prostituée ? Et si celui ou celle qui pole n’est pas blanc·he ; une personne noire réactualiserait-elle des clichés exotisants ? Qu’en est-il de celles et ceux dont les corps ne correspondent pas aux normes ? 

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Pamphlet lycéen

Parlons un peu LGBTQIA+, parlons un peu arc-en-ciel, parlons liberté, égalité, fraternité.
Nan mais parce que, oui hein haha, voici une belle devise n’est-ce pas? Mais quand on est d’un nouveau genre, alors là, POUF magie, t’existe pas.
“-Aaah t’es non-binaire?…ah bah là tu seras reconnue que par google et encore”

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Sociologie des amours enfantines : entretien avec Kevin Diter

Kevin Diter est sociologue. Il a soutenu une thèse en 2019 intitulée  « L’enfance des sentiments. La construction et l’intériorisation des règles des sentiments affectifs et amoureux chez les enfants de 6 à 11 ans ».
Actuellement, il travaille pour l’enquête ELFE du ministère de la culture et continue dans ce cadre son travail sur la culture des sentiments chez les jeunes enfants. Ses domaines de spécialité sont la sociologie de la socialisation, la sociologie des enfants, de la famille, du genre et des différenciations sociales.

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De la marge au centre. Care mobile et vulnérabilités des mères « roms » en bidonville.

Au-delà de ces rails, il y avait un monde dans lequel nous pouvions travailler comme bonnes, comme concierges, comme prostituées, aussi longtemps que nous étions en capacité de servir. Nous pouvions entrer dans ce monde, mais nous ne pouvions pas vivre là-bas. Il fallait toujours que nous retournions dans la marge, de l’autre côté des rails, vers les cabanes et les maisons abandonnées en périphérie de la ville.1hooks bell, De la marge au centre. Théorie féministe., Cambourakis., coll. « Sorcières », 2017., p.59 (afin de mettre en valeur son œuvre plutôt qu’elle-même, bell hooks souhaite que son nom apparaisse en lettres minuscules).

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Six haïkus agenres

Tu as pris ma main
lorsque les flics ont gazé
le jardin d’enfants.

Le temps reviendra
que tu me craches au visage –
l’été avec lui.

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« T’as sorti les poubelles ? »
Réflexions féministes sur le quotidien dans le travail éducatif

Lorsque j’étais toute jeune (une douzaine d’années au plus), j’étais horrifiée à l’idée de devoir, une fois adulte, descendre les poubelles de l’homme avec qui je vivrais. Mon effarement pouvait même se transformer en crises de larmes à l’idée de devoir lui faire à manger. J’en déduisais que je ne pourrais vivre que seule et que la rançon de ma liberté serait de renoncer à l’amour pour toujours (on est quelque peu exaltée à 12 ans…)1À l’époque, je ne pouvais même pas me consoler à l’idée de vieillir en compagnie de chats : j’étais allergique et asthmatique..

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