Marina 1978

Infirmière venue s’immerger dans l’île asilaire de Léros, Grèce, en compagnie de
l’équipe de Trieste, Italie, où l’on avait imaginé avant la loi l’abolition des asiles.

Le jour où j’arrivai à Léros je remarquai que tout le monde portait le même habit.
Les cuisines étaient pleines
et la peine
n’était pas un affect connu dans le village.
Les paroles brouillaient par leur chaleur la ligne de l’horizon
l’eau scintillait doucement
et les rires montaient au ciel.


Le jour où j’arrivai à Léros je traversai l’île
d’un bout à l’autre.
Je traversai
jusqu’à l’envers du monde.
Là-bas
La mer, le sol étaient pareils
et pourtant tout avait changé.
J’avais fait le passage
et les confins m’accueillaient
en me désorientant.

Read More

Le retour

Lundi, huit heure et demi. Alice est toujours la première arrivée dans la salle d’activités. Les infirmières la saluent, le weekend s’est bien passé ?
Parfait parfait.

Elles s’énerveront plus tard, après avoir constaté qu’elle a encore diminué. Mais en ce début de matinée, elles lui sourient. Alice a trouvé un endroit où exister. Sur le bureau, elle sort ses crayons, ses carnets pour patienter. Elle attend le moment où Fiona fera son entrée.

Read More

Zelda et Scott Fitzgerald : une histoire d’amour et de folie en Suisse

Jon Monnard a publié un premier roman, Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique, aux éditions L’Âge d’Homme en 2017. Une bourse littéraire de l’État de Fribourg lui a ensuite permis de mener des recherches pour son second livre. Ce nouvel opus, qu’il vient de terminer, porte sur le séjour que l’écrivain états-unien Scott Fitzgerald et son épouse Zelda ont effectué en Suisse en 1930-31. Pour des raisons de confidentialité, il ne peut pas (encore !) nous livrer son titre. Mais il nous explique dans cette interview avec l’historienne Aude Fauvel pourquoi il s’est intéressé à cette période sombre de la vie du couple, puisque c’est en Suisse, à la clinique de Prangins sur les hauteurs du lac Léman, que Zelda fut internée pour la première fois en 1930.

Read More

(Dé)construire le diagnostic d’anorexie mentale

    Lorsque je rencontre Anaïs, nous sommes en septembre 2016, elle a 19 ans et entame sa seconde année de Licence de sociologie au sein d’une université parisienne. Elle me donne rendez-vous dans le 15e arrondissement où elle vit. Cette rencontre s’effectue dans le cadre de ma recherche de master portant sur les pratiques alimentaires des jeunes femmes végétariennes. Dans ce contexte, Anaïs se présente d’abord comme « végétarienne depuis un an et végane depuis quatre mois ».

Read More

De patient·e à soignant·e, s’aider soi-même et aider les autres.

Au moment où j’écris, je m’apprête à commencer la troisième année de ma licence de psychologie, et mon avancée vers le métier de psychologue devient de plus en plus concrète. Pourtant, simultanément, je continue un tout autre travail bien plus personnel : celui de guérison d’années de traumatismes psychologiques et émotionnels vécus depuis mon enfance.

Read More

Claudel-Louis – deux trajectoires d’artistes mortes à l’asile.

Le titre « Camille-Séraphine » aurait été plus compréhensible : en effet l’usage du prénom, et parfois du seul prénom, est de mise quand il s’agit d’évoquer des artistes femmes. Pour les artistes hommes au contraire, au siècle et dans le pays de ces deux artistes, c’est plutôt le seul nom de famille qui est utilisé. Afin de les rétablir dans leur statut d’artiste, elles seront ici Claudel et Louis, plutôt que Camille (Claudel) et Séraphine (Louis, qui signe parfois Louis-Maillard, noms de son père et de sa mère, dite Séraphine de Senlis).

Read More

Visions de la folie dans le jeu vidéo : le glacis horrifique de Layers of Fear

Les expressions de l’horreur sont légion dans le jeu vidéo. Après tout, c’est un média parfait pour impliquer la joueuse1Le féminin neutre est la forme préférée dans cet article., qui devra faire des choix conscients dans un environnement qu’elle maîtrise difficilement. Je voudrais parler ici des jeux d’horreur psychologique. Ces jeux se placent non pas dans l’épouvante palpable des zombies (les Resident Evil viennent en tête), mais dans les explorations mentales où le but n’est pas de neutraliser des menaces, mais de comprendre situation et personnages. Dans les jeux où l’ennemi est souvent soi-même (enfin, l’avatar endossé), c’est tout naturellement que les angoisses provoquent des questionnements concernant la réalité de ce que l’on voit.

Read More