Sur la route

Je jette mon sac dans le coffre sur un tas de bric-à-brac entassé rapidement. Six-cent kilomètres à faire avec la fatigue du déménagement. Seule. Ça sent l’humidité du Nord, les briques rouges de la ville, ça sent le week-end et l’anxiété des dernières nouvelles à la radio.

Un mois que je ne l’ai pas vue. Un mois qu’Elle me manque tous les jours, trois fois par jour. Un mois qu’on se dit qu’on s’aime à distance sans pouvoir se toucher. C’est long un mois d’amoureuses. Du coup je vais définitivement les rouler ces six-cent bornes. 

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Dans la cuisine

J’épluche des légumes. J’épluche des kilos de légumes. Je songe déjà à ce que je vais en faire, comment je vais les découper, les cuire, les assaisonner, les assembler. Tout ça va être bon. Je rêvasse. Je me coupe un petit peu. 

Le monde s’angoisse, mais moi je coupe mes légumes. Les odeurs des plats du jour flottent dans la cuisine. On se prépare, mais je sais qu’il n’y aura pas grand-monde. Comme hier en fait. Les annonces de jeudi ont fait fuir les clients. La patronne pensait que beaucoup voudraient profiter de ce dernier week-end avant d’avoir les enfants à la maison, sortir, vivre. Je ne crois pas que les gens du coin réagissent à l’angoisse par des pulsions de vie. Je présume plutôt qu’ils sont dans la pulsion de consommation, en train de faire des réserves dans les supermarchés. 

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