Le corps sans nom

J’ai la nausée de mon corps : les poils sur mes mamelons, le bourrelet sous l’élastique de mes shorts, la molle blondeur de ma peau, les flaques de mes cuisses écrasées sur les chaises. Je demande plus, plus de disparition. 

D’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre, je parcours des distances exténuantes entre dysphories et euphories. Mon corps change d’une façon incontrôlable, s’amenuise enfin, et cette perte de poids m’oblige à me rendre compte que je n’accepte pas plus mon corps mince que mon corps gros. Certains jours, je sens mes os, la chaleur et la douceur de ma peau. Je sens l’extérieur depuis l’intérieur et j’ai peur.

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Amputer la langue

Amputer la langue. Ma phrase commencerait comme ça. Amputer la langue. Quand je dis langue, je dis Langue avec un grand L. La grande, la vraie, celle de tous les jours. La langue qu’on utilise, qu’on use à coups de mâchoires et de salive. La Langue de nos grands-mères et de nos grands-pères. Celle à qui l’on échappe en serrant les dents. Celle qui peut tout dire en un mot un seul. 

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