C’est pas toi Maman, c’est le patriarcat


13 ans mon sang coule pour la première fois
creuse en moi une tranchée
je me déforme


et Kafka n’y connaît rien en métamorphose
mes poils poussent comme du chiendent
je m’anonyme perds mon nom deviens celle aux gros eins
à la piscine je reste au bord du bassin
je ne grimpe plus aux arbres
je ne cours plus



ex panthère
j’apprends à craindre la nuit phalanges crispées sur téléphone
j’apprends à esquiver pas à rendre les coups
j’apprends la peur en même temps que
j’apprends à la ravaler regard planté dans le lointain menton en avant
j’oublie d’apprendre à dire non


me voilà à terre / souffle coupé / transition brutale sans TW1Trigger warning : avertissement au public ou traumavertissement
amputée l’enfance comme un membre fantôme
RIP le goût du monde sur ma peau


bonjour enchantée non merci au revoir

rendez moi mon corps please
rendez moi mes rivières mes rêves
les échardes sous ma peau la terre sous mes ongles
mes étés infinis


ma mère dit
tu sors comme ça
tu ne te maquilles pas


ma mère dit
tu serais parfaite si
tu serais parfaite sans


ma mère dit
tu ne mets pas de robes
ça cache si bien tes formes

ma mère dit
il faut mâcher 32 fois avant d’avaler
boulimie d’injonctions
32 fois plus tard toujours pas digéré


ma mère dit
ton corps est le prolongement du mien
elle ne dit pas
j’ai appris à me détester
essaye de faire mieux que nous

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